L’Opéra de Lille créera, en mars prochain, le nouvel opéra de Wolfgang Mitterer sur un livret de Gerhild Steinbuch, Marta, avec l’ensemble Ictus dans la fosse. La jam session de ce soir, qui mêle l’improvisation libre, la partition « ouverte » (où les consignes de jeux l’emportent sur l’écriture du détail) et l’accompagnement de film muet, permet de découvrir l’univers de Mitterer dans sa dimension la plus radicale : un art électronique du montage musical où le bruit, le scratch, le déchet digital, sont présentés à dignité égale avec la note, l’accord, le beau timbre. Nous serons loin, bien évidemment, de la méticulosité que le compositeur peut mettre dans ses partitions écrites, où la vitesse de défilement touche parfois au vertige. Mais, entouré d’hôtes aux parcours si différents, issus des mondes de la musique contemporaine, du blues d’avant-garde, de la recherche cognitive, de la construction d’instruments hybrides, Mitterer se tiendra ce soir — espérons-le — au plus près des joies musicales de ces conversations qui ne naissent qu’entre amis à la fois très proches et très lointains. Ou, pour le dire avec les mots de Maurice Blanchot, au centre de « l’étrangeté commune qui ne nous permet pas de parler de nos amis, mais seulement de leur parler ».
Présentons les interlocuteurs : Wolfgang Mitterer, donc, organiste classique, compositeur, rompu à toutes les techniques de la musique digitale, a préparé le canevas de la soirée et une série de fichiers électroniques qu’il manipulera librement ; il touchera également au « piano préparé » (une invention du compositeur américain John Cage : grâce à de subtils placements d’objets entre les cordes du piano — boulons, gommes, etc. — le piano se met à ressembler à un orchestre de percussions balinaises). Marc Ducret, l’un des plus inventifs jazzmen de la scène française, fera ce qu’il veut, bien évidemment ; mais c’est pour ses qualités lyriques qu’il a fait l’objet de l’invitation : quoiqu’il fasse, en effet, aussi audacieux qu’il soit, Ducret n’oublie jamais de faire chanter ses racines blues. Cédric Dambrain, proche de l’ensemble Ictus depuis près de quinze ans, mène une recherche à long terme sur les « contrôleurs haptiques » de musique électronique, qui permettent de retisser des liens entre le geste intuitif, la production de son, le contrôle à l’oreille. Après s’être lassé des contrôleurs pour jeux vidéos, trop limités, Dambrain a adapté pour usage musical des appareils issus de la recherche chirurgicale. Il a également apporté son PC bourré d’étranges algorithmes aux résonances « virales ».
Les quatre musiciens d’Ictus se sont pensés comme un seul corps sonore : une sorte d’orchestre bruitiste aux sonorités graves, amorties, vaguement dépressives, produisant des boucles rythmiques asymétriques. Tom De Cock, aidé de Wilfried Van Dyck, a construit un vaste kit de percussions électriques (ou amplifiées), comprenant des barres de métal placées sur des micros pour guitare électrique, des tambours de bambou allongés par des tuyaux de plomberie, un clavier de pierre (ou lithophone), une très belle cloche à eau à partir d’un saladier retourné dans une bassine, et bien d’autres choses. Michael Schmid poursuit sa recherche sur les flûtes amplifiées à même l’embouchure, dont il travaille le signal à partir de sa propre petite table de mixage. Kobe van Cauwenberghe et Jean-Luc Plouvier, enfin, explorent les limites de leurs instruments respectifs (guitare électrique pour l’un, Yamaha DX7 — le premier synthétiseur digital, 1983 — pour l’autre).
Un dernier mot sur Romance Sentimentale, le film de Sergueï Eisenstein, projeté au milieu de la soirée : commandé par Mara Giry, une riche et médiocre soprano française (l’héroïne du film) et tourné en France, ce film un peu mineur fit l’objet de quelques railleries après-coup du cinéaste (« mon monde n’est pas exactement celui de Madame Giry »). Il avait pourtant fait l’objet de tous les soins du cinéaste, qui voulait rendre hommage au style particulier de montage de l’avant-garde française.
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Le soir même dès 18h : Bar et restauration.
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Wolfgang Mitterer et l’Ensemble Ictus, en résidence à l’Opéra de Lille
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Avec
Guitare électrique Marc Ducret
Electronique Wolfgang Mitterer
Multi-contrôleurs Cédric Dambrain,
Synthétiseurs Jean-Luc Plouvier
Micro-percussion Tom De Cock
Flûtes Michael Schmid
Son Alexandre Fostier
Et la participation du quatuor de sonneurs Nu Piping#3 dirigé par Erwan Keravec pour la pièce Run de Wolfgang Mitterer.
Production : Théâtre de Cornouaille – Scène nationale de Quimper, Coproduction : Offshore – www.erwan-keravec.eu, création 2015
Run a bénéficié de “l’aide à l’écriture d’une œuvre musicale originale du Ministère de la Culture et de la Communication“.
Mardi 10 novembre
Rencontre avec l’équipe artistique
à l’issue de la représentation, entrée libre.
Le soir même
Bar et restauration
Par Marie et Lulu
Dès 18h et après la représentation.
Entrée par la billetterie rue Léon Trulin.
23/18/14/9/5€
±1h30 sans entracte
Dans le cadre de Renaissance lille3000
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